À propos
Après avoir travaillé avec sérieux pendant 15 ans dans “le
champ de l’abstraction”, 15 années durant lesquelles le substrat
constituant ce “champ” s’est au fur et à
mesure appauvri jusqu’à ce qu’il se révèle pour moi comme une farce,
une farce à force de sérieux, sérieux hérité des naïves utopies qui faisaient
feu de tout, du langage surtout, celui de la politique, de toutes les hygiènes,
de celles de tous les corps, plus ou moins grands, comme de celles des formes,
je me suis attaché depuis 2012 à décrire et raconter cette ruine de tous
mes patrimoines à travers la fabrication d’images et d’objets en
carton. Cette narration est confuse et forcément tragi-comique, mélangeant à ma
biographie des références historiques récurrentes où le travestissement est la règle
de leur apparition au fil des épisodes.
Ainsi je m’accoutre indifféremment de l'uniforme des “méchants” (les Yankees) et me dénude comme les “gentils” (les Indiens) mais la plupart du temps je suis les deux ensembles. Les soldats bleus sont les ordonnateurs d’un monde géométrique, chantres de la Raison raisonnante, du positivisme et de l’analyse du dit-langage. Les Peaux-Rouges sont les ouvriers forcés de cette entreprise qui n’est pas la leur, distraits qu’ils étaient, tout occupés à ne faire que donner des noms aux choses.
Je me souviens ainsi que des Indiens participèrent à la construction de grattes ciels américains que Gropius pensa au Bauhaus, en même temps qu’il proposait ses services au IIIème Reich. Je me souviens que Schlemmer, Kandinsky ou Le Corbusier firent de même et que l’utopie moderniste cache dans son ombre par de savants subterfuges cette confusion entre “les gentils” et “les méchants”. Je me suis souvenu aussi de la Mélancolie de Dürer qui était déjà une histoire de la tristesse et de la vanité portée dans le sein du projet humaniste, projet que l’abstraction chanta à sa manière, décorative, ergonomique, totalisante et totalitaire, tout au long du XXème siècle.
C’est cette histoire, qui est aussi mon autobiographie, celle du double fantomatique d’un obscur artiste berlinois des années 20, que narrent les dessins et objets que je fabrique, exactement comme un accessoiriste le fait du décor de la pièce de théâtre.
Ainsi je m’accoutre indifféremment de l'uniforme des “méchants” (les Yankees) et me dénude comme les “gentils” (les Indiens) mais la plupart du temps je suis les deux ensembles. Les soldats bleus sont les ordonnateurs d’un monde géométrique, chantres de la Raison raisonnante, du positivisme et de l’analyse du dit-langage. Les Peaux-Rouges sont les ouvriers forcés de cette entreprise qui n’est pas la leur, distraits qu’ils étaient, tout occupés à ne faire que donner des noms aux choses.
Je me souviens ainsi que des Indiens participèrent à la construction de grattes ciels américains que Gropius pensa au Bauhaus, en même temps qu’il proposait ses services au IIIème Reich. Je me souviens que Schlemmer, Kandinsky ou Le Corbusier firent de même et que l’utopie moderniste cache dans son ombre par de savants subterfuges cette confusion entre “les gentils” et “les méchants”. Je me suis souvenu aussi de la Mélancolie de Dürer qui était déjà une histoire de la tristesse et de la vanité portée dans le sein du projet humaniste, projet que l’abstraction chanta à sa manière, décorative, ergonomique, totalisante et totalitaire, tout au long du XXème siècle.
C’est cette histoire, qui est aussi mon autobiographie, celle du double fantomatique d’un obscur artiste berlinois des années 20, que narrent les dessins et objets que je fabrique, exactement comme un accessoiriste le fait du décor de la pièce de théâtre.